Binoculaire 2
Cette intervention prolonge une suite d’expériences que j’ai réalisées dans différents espaces architecturaux et au moyen desquelles je cherche à mettre en situation le corps du spectateur comme producteur actif d’une expérience perceptive, spatiale et temporelle. La Chambre des Armoiries constitue un espace presque cubique, prolongé à l’Est par une tourelle. Habituellement, lorsqu’on pénètre dans ce lieu, on se trouve face à trois fenêtres ouvertes sur le lac et le paysage environnants. Mais les ouvertures du château à cet étage sont clôturées par un grillage en fer forgé qui laisse passer le regard et arrête le corps. J’ai décidé d’utiliser ces trois ouvertures pour y insérer des dispositifs qui filtrent la lumière et complexifient notre vision vers le dehors. Chaque filtre a une épaisseur dissimulée derrière une paroi en bois dotée d’une ou de plusieurs ouvertures circulaires qui portent et laissent apparaître l’extrémité lumineuse de chaque installation. Que l’on se déplace face au grand cercle du milieu constitué d’une multitude de pailles en polycarbonate collées industriellement les unes aux autres ou face aux autres cercles réalisés avec de longs tubes en verre empilés en quinconce, on cherche dans cet espace vide et tamisé, une distance juste, pour voir. De près la vibration kaléidoscopique des éléments du dehors fait écho aux déplacements du corps du regardeur. De plus loin, la visibilité de fragments reconnaissables ouvre une image.