Lorsque Karin Kuoni m’a fait visiter le Swiss Institute de New York en décembre 1992, je lui ai immédiatement proposé de réaliser un travail qui réagisse à certaines caractéristiques du lieu d’exposition. C’était un espace dans lequel on avait simplement enlevé les portes qui séparaient deux grands salons. Seul un panneau de bois peint en blanc, recouvrant la totalité d’un mur de petite dimension, signifiait clairement la transformation, en masquant une porte. Sinon, tous les autres murs, ainsi que les plafonds, restés intacts, avaient été recouverts d’une couche de dispersion blanche. Une large plinthe en bois, d’environs un mètre de hauteur, délimitait la surface des murs de laquelle une tapisserie avait été enlevée. Cette maison de plusieurs étages avait servi de lieu d’accueil pour les migrants suisses. Les deux salons permettaient aux résidents de se retrouver à différents moments de la journée ou du soir.

Sur toutes les surfaces des murs où la tapisserie avait été enlevée, j’ai noué et tendu verticalement des élastiques de couleur, accrochés sur des supports métalliques. Cet alignement, décollé de deux centimètres du mur, évoquait l’ancien décor, avec l’odeur du caoutchouc en plus.